Premières Rencontres Performances. Nice 82. M.J.C. Gorbella. Invitation de nombreux artistes de la performance du 14 au 20 juin 1982. Espace du « patio » dans la MJC, choisi hors de la salle de spectacle.

Préparation :
Lieu simili « naturel » en extérieur, enclave isolée et coupée du public : le patio, 8m x 8m. Architecture environnante en béton, arbres (eucalyptus…) et sol de terre. Installation éphémère juste avec grand plastique transparent posé sur la terre, remontant par endroit vers végétation. Grandes roses rouges couchées sur leur longueur, formant un rectangle d’une dimension égale à environ 0,80 x 1,80m. Quelques baguettes de balsa dorées, dissimulées.

Action :
Nuit tombante, début de soirée. Fixité d’une action silencieuse qui commence par l’image d’une femme allongée sur le dos, sur un « lit de roses ». Vison plongeante pour les spectateurs qui se massent tout autour du patio. Elle est vêtue d’une robe dorée et de chaussures crème/or à petits talons. Elle va rester inerte un long moment. Puis elle se relèvera lentement. Là, des roses restent accrochées quelques instants sur les épaules nues et la robe, puis tombent. Petit mouvement des spectateurs. La femme se lève lentement et se dirige vers des branchages. Elle revient avec des baguettes dorées. (Un « Yi king » une transformation infinie, pour un mouvement permanent dans les temps.) Accroupie sur les talons, elle dispose lentement sur le sol les baguettes. Elles vont former bientôt des lettres. Puis on pourra lire trois courtes phrases : « JE T’AI AIME », « JE T’AIME », « JE T’AIMERAI »… elle laisse le texte ainsi et disparaît dans la végétation sans réapparaître. Fin.

Critique :
Image de conte de fée. Corps en contrebas. Regard dominant. Belle au bois dormant lentement égratignée. Mythologie et beauté : idole conviée pour une nouvelle chute. Rose. Épine. Jouissance et douleur. Symbole d’amour. Cadeau des amants. Rôles sexuels. Hommage aux dames. Sang et peau. Le rouge de l’origine devient parure. Le travail devient de plus en plus épuré. Ici l’action principale, les épines dans la peau, restera invisible. Le temps est au travail sur les corps. La passivité pourra paraître outrancière à certain, mièvre à d’autres. Une victime sommeillerait en chacune ? Adaptation de la dormeuse/morte du « Sanctuaire ». Question de « femme » lancée… pour un effet boomerang permanent.

Réaction :
Un certain Wim, artiste et/ou organisateur de performances à Rotterdam, au théâtre de Lantaren, aura une approche agressive. Cette image l’aurait « dérangée ». Il m’accuse de « féminisme ». Il me propose sarcastiquement de faire d’autres images comme celle-là. Celle par exemple de me montrer nue dans une baignoire emplie de lait. Il m’exclue d’office de ses invitations pour un potentiel festival de performance…