Passage de témoins est une proposition performative à double entrée et dénominateurs communs : des témoins (je, tu, il, nous, vous, ils) passent, des témoins (comme à la course de relais métaphore des courriers grecs) sont passés à je, tu, il, nous, vous, ils… éventuellement en boucle, à l’infini, comme sur un ruban de Moebius.
C’est de la communication homme / espace dont nous traitons : l’architecture parle-t-elle la même langue que l’homme ? De tous les hommes ? L’absence de communication ou simplement de possibilité de communication n’est-elle pas en soi un dispositif inconscient d’exclusion ? Qu’en est-il de la nature aménagée ?
Edward T. Hall rappelle l’existence de deux modes de structuration de l’espace : le « radioconcentrique » qui est sociopète et « l’échiquier » qui est sociofuge. Et il affirme : « si on se trompe de direction dans le système radioconcentrique, l’erreur devient de plus en plus grave à mesure que l’on s’éloigne du centre.(…) Dans le système de l’échiquier, des erreurs sont forcément de 90 ou 180 degrés et sont par conséquent faciles à percevoir même par ceux qui n’ont pas le sens de l’orientation » *.
Le site en tant que tel est un dispositif, le site urbain (ce qui permet l’accès) comme le site architectural (ce qui permet aussi l’accès). Communiquer c’est « mettre en commun » et « être en relation avec » selon Oresme. Un passage c’est une porte de communication : le lieu de l’échange et de la transmission. Jusqu’à quel point ?
Passage de témoins est une situation créée en réponse à la demande formulée « mettre en jeu des formes d’échanges et de transmissions qui manifestent les vertus des malentendus, des injonctions paradoxales et autres incompréhensions ». C’est une réponse à plusieurs étages s’exprimant en termes de choix :
o Signer personnellement une œuvre collective,
o Mettre en évidence l’agilité du handicap,
o Parler sérieusement avec humour,
o Présenter le jour J un moment de la performance « déjà commencée »,
o Réaliser des éléments à plusieurs sorties,
o Jouer sur la présence et l’absence simultanément, comme une double saturation,
o S’associer pour augmenter le message,
o Considérer la « res non verba » comme un langage,
o Affirmer que le site lui-même est le lieu même du paradoxe (ouvrir et fermer, accueillir et garder à distance, …),
o Convoquer que l’oubli, fruit de l’inconscient, est aussi un acte de volonté.
Le projet s’est élaboré de la façon suivante :
o Avoir deux projets, un individuel l’autre collectif,
o Choisir un des projets,
o Vérifier sa faisabilité,
o Constituer l’équipe,
o Faire une proposition commune,
o Créer une situation « paradoxante ».
Le casting :
o Elie Assouline, l’acteur,
o Michel Naud, le cadreur,
o Andy Guignard, l’ingénieur du son,
o Léa Assouline, la script,
o Loup Garcin, l’assistant mise en scène,
o Christophe Mazza, le monteur,
o Marielle Assouline-Amozig, aux volants,
o Olivier Garcin, le metteur en scène,
o Le groupe URSS (Ugly and Ridiculous Sweet Sky), les musiciens.
L’action durant « no comprendro » consistera à :
o Une introduction de physique paradoxale,
Suivi d’
o Une projection du film burlesque, un peu accéléré, saccadé, muet, accompagné d’une musique de circonstance inventée et jouée live par le groupe URSS (Ugly and Ridiculous Sweet Sky),
Suivie
o d’une conférence brève,
Précédées et suivies d’
o une déambulation dans l’expo et sur les sites des performances des autres.
* Edward T.Hall, La dimension cachée édition Le Seuil, Paris 1971, page 180