'' Guerre sabbatique d'une année | Une histoire de la performance sur la Côte d'Azur de 1951 à nos jours

Guerre sabbatique d'une année

Tags libre: 
Protestation
Voyage
Concepteur: 
Hervé Courtain
Executant: 
Hervé Courtain
Organisateur: 
Hervé Courtain
Effectuations: 
Objets: 

Les documents rapportés de mes voyages, mes notes, des reliques, des photos, mes travaux préparatoires, des dessins, des objets et mes productions secrètes correspondant à cette période conservés dans mes cahiers N° 3 et 4, fonds Hervé Courtain

Technique description référence: 
Les documents rapportés de mes voyages, mes notes, des reliques, des photos, mes travaux préparatoires, des dessins, des objets et mes productions secrètes correspondant à cette période conservés dans mes cahiers N° 3 et 4, fonds Hervé Courtain
Description: 

Je trouve que toutes les machines artistiques niçoises et mon approche de toutes ces machines sont trop bien huilées. Je décide de me mettre en grève...
Pendant une année, je boycotte les vernissages, les fariboles et les ateliers.
Pendant l'année sabbatique je rêve, je vais dans le futur et je reviens et je régresse et puis je repars. Je joue aux cartes et le temps passe.

Je brouille les cartes. Conservées dans le cahier « Travaux Pratique » N°3

Je voyage: Londres, Berlin, Madrid, Salamanque, Bilbao, Oviedo, Turin, Paris, Chantilly. Je découvre Chillida, Richard Serra, Pablo Siquier, Juan Manuel Diaz-Caneja, Antonio Saura, Max Beckmann, Peter Blake, Michael Landy. Les reliques sont conservées dans le cahier « Travaux Pratique » N°4

Pendant cette année sabbatique je ne reste pas sans rien faire, je suis casseur de grève lorsque j'enfreins la règle que je me suis imposée.

Quand je rencontre quelqu'un qui me demande ce que je fais actuellement ma réponse est « je suis en grève » « je fais grève ». En général il n'y a pas de seconde question du genre « Ah et pourquoi? » « Dans quel cadre? » « Depuis quand ? ».

Quel impact peut avoir la grève d'un artiste ? Artiste auto-proclamé de surcroît.

Non, l'affirmation est d'une telle incongruité que la plupart de mes interlocuteurs l'évacuent sans (apparemment) se poser la question du sens de ce qu'ils viennent d'entendre et passent à autre chose.
Les premières questions qui devraient nous venir à l'esprit sont : l'absence de qui, ou de quoi, dans quel lieu et pourquoi ?
Je me demande combien de fois des artistes plasticiens, des peintres, des élèves plasticiens (les autres disciplines artistiques savent ce que le mot grève recouvre ) se sont mis en grève dans le cadre de leur travail.

Pendant la Guerre sabbatique je me déplace et je travaille en secret dans la clandestinité.

« J’ai eu l’impression d’aller dans toutes les directions où le voyage m’a attiré. Dans des productions passées, dans les miennes, dans celles d’artistes connus ou peu connus, d’autres civilisations, d’autres courants. En explorateur de terres inconnues, j’ai vu des lieux d’expo, des modes d’expression, des sensibilités très diverses. Je me suis mis en danger, en avant, en arrière. J’ai voyagé par la lecture, par l’écriture, par mes rencontres, par le manque, par le faire, par le défaire, par le manque de savoir-faire, par mes sens, par mes sentiments, par mes réussites et mes échecs esthétiques ou créatifs. J’ai voulu explorer le voyage au présent, en sachant qu’il me précède plus que je le voudrais. Le lieu où je n’ai pas réussi à aller c’est dans le futur. J’ai compris définitivement que le futur se construit au présent, en avant-garde, c’est difficile quand on est placé à l’arrière-garde. » Réflexions hors champ.

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